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partage cérébral
1 juillet 2008

Les empires contemporains

102. Les empires ont changé à notre époque contemporaine. La civilisation occidentale et son fer de lance idéologique, ont conquis tout l’espace planétaire, même si c’est forcément transitoire à l’échelle historique. A écouter les portes paroles officiels, c’est un bien puisqu’il s’agit du triomphe de la liberté, donc le mot est contenu dans celui de « libéralisme ». En gros, chacun peut se déplacer sans contrainte avec les valeurs qu’il a produites légalement (on a déjà parlé de la relativité, de la plasticité des droits). Les empires qui se sont constitués, héritiers en général des grandes entreprises qui se sont sorties à leur avantage de la première et de la seconde guerre mondiale du 20ème siècle, ont envahi la planète et y édictent leurs règles au sein de leurs unités de recherche, de production et de vente, et au sein de la vie sociale des pays, par les propagandes et les produits qu’ils y vendent. S’il existe 1000 sociétés vraiment mondiales et hyperpuissantes, mille empires, on pourrait dire qu’il y a en 2008 beaucoup plus d’empereurs que dans toute l’histoire humaine, et que chacun de ces empires est beaucoup plus puissant et riche que les anciens empires politiques ! Tiens, cela voudrait-il dire que les empires commerciaux ne sont pas des empires politiques ? Mais si, puisque ce sont eux, avec leurs lobbies, qui font les politiques des « nations ».

103. Barons locaux.

A l’échelle en dessous des empires, les hommes politiques qui « gouvernent » les provinces et les pays, qu’ils appartiennent à la civilisation occidentale ou aux anciennes colonies et protectorats qui lui courent après, ne sont que des barons locaux  qui tergiversent avec les empereurs, en courbant l’échine ou en s’alliant avec eux pour un profit immédiat. C’est logique, ils en dépendent. Et c’est cette logique qu’il est intéressant de décrypter pour une compréhension de l’homme social… Mais non, ce serait faire de la politique, et ce n’est plus à la mode ces derniers temps. Plus à la mode ? Qui peut dire que l’organisation des sociétés humaines, au jour le jour, et sa projection dans un avenir raisonnable (1 à 10 ans maximum) serait une mode ? Elle existe depuis que l’homme existe !

104. L’inégalité de l’Ancien Régime.

Jusqu’à la fin de l’Ancien Régime, au 18ème siècle, la politique coulait de source, étant fondée sur l’inégalité. Elle était le fait du prince entouré de ses barons, conseillé par des technocrates qu’il appelait et renvoyait à sa guise. Puis, jusqu’à la fin du 20ème siècle, il a été lourdement question de convoquer, dans les pays civilisés, les peuples à cette activité d’organisation humaine : la politique. Et pour que chacun ait la possibilité d’accéder à l’intelligence commune, on a envoyé tout ce monde à l’école primaire.  Le résultat a été, bon an, mal an, ce que nos sociétés ont montré jusqu’à la fin du 20ème. On pourrait beaucoup en dire. Beaucoup en a été dit, et seuls les vieux et les  retraités sont nostalgiques, car ils ont été trop jeunes pour avoir connu la rudesse des mouvements sociaux pionniers, qui ont réussi à arracher un certain partage des richesses produites, dont ils ont profité (congés, retraites, logement, droit des enfants, sécurité sociale, horaires de travail et de repos, salaire…) (Je ne parle pas évidemment de la morale utilisée pour justifier cette production de richesses, qui s’est beaucoup appuyée sur l’exploitation de territoires et de populations vaincues,  dans des pays moins prêts à l’époque, à la guerre occidentale. Ce n’est pas le sujet).

105. La lutte sociale est éprouvante.

Les mouvements sociaux au 20ème siècle ont été éprouvants : ils passaient par la grève (plus rien à manger), la rébellion (coups de fusils de la garde nationale), la manifestation (batailles sans fairplay avec les milices patronales et la police), le black-out patronal (plus rien à manger), l’interrogatoire policier (je ne fais pas un dessin), la prison (la mise au ban) …

Cette période était aussi celle du dilettantisme de la bourgeoisie, le fleurissement des arts d’élite, et des arts populaires. Et puis la guerre omniprésente, proche ou lointaine, qui remplissait les esprits. L’apprentissage d’une participation des gens à la politique, sous le slogan (l’idéal ?) d’égalité en valeur humaine et de liberté d’agir, a été rude, et a donné ce qu’il a donné. Qui s’en souvient à présent ? Serait-ce aussi loin dans les esprits, aussi abstrait que l’antiquité grecque? Doit-on reléguer le 20ème siècle à quelques jeux intellectuels pour prof d’histoire ?

106. L’espoir d’une vie « plus juste ».

Quand on n’était pas dans un environnement bourgeois au siècle passé, on vivait et on mourait rudement donc, mais avec l’espoir d’une organisation sociale plus « juste », et le summum en a été connu dans le dernier quart du 20ème siècle, alors que déjà un balancement se produisait à l’initiative  des dieux anonymes que vénéraient les nouveaux empereurs. Avec l’avènement des très grands empires mondiaux, les barons locaux que devenaient nos princes élus se sont entourés d’un rempart de technocrates qu’ils convoquent et révoquent à l’initiative de leurs commanditaires multinationaux, et ils affirment « la » politique, comme de jolies marionnettes habillées en costume et en robe, dont on voit bien les ficelles. Est-ce un dévoiement et un malheur ? Pas pour tout le monde sans aucun doute, on le sait  bien dans les milieux que j’ai le bonheur bien compris, de fréquenter.

107. Esclaves ou consommateurs.

Le principe général, le fil conducteur, la cohérence philosophique, l’idéal, pour les empereurs contemporains, leurs dieux anonymes (les actionnaires) et leurs puissants serviteurs (et actionnaires), confortés par leurs sbires armés de technicité, de finance, de force militaire et  paramilitaire, c’est de transformer les peuples, soit en esclaves (producteurs), soit en masse consommatrice (prisonnière de ses désirs), dans le même temps taillables et corvéables à merci. Ils ridiculisent en passant les dirigeants politiques, en leur laissant le petit travail local d’organisation sociale à régler, faire la police des masses consommatrices et de celles des esclaves… sans parler de celle concernant les « inadaptés », qui peut-être voient leurs ficelles et gênent un peu par leurs voix discordantes... Nous sommes actuellement en plein dans ce mouvement de merveille humaine (tout le monde le dit, nos sociétés sont « avancées »), et il convient de parler d’avenir. L’avenir, c’est 2 ans ? C’est 10 ans, 175 ans, 300 ans, 10 millions d’années ?..  Qui veut en parler ?

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